
2014 C’est Fini! Retour sur une année d’ auto-édition…
2014: l’année de l’ auto-édition et celle de mes débuts en tant qu’«écrivant» indépendant, avec pas moins de 4 versions d’«Operation Cheesestorm» disponibles en 2 langues. Beaucoup m’ont demandé comment cela a été possible avec un travail et d’autres activités à côté, mais j’ai eu l’occasion de démontrer que mon process d’écriture est viable en terme de productivité. Je l’illustrerai encore plus dans les prochains mois.
Non, la vraie révélation pour moi est celle qui tient au «métier» de l’ auto-édition plutôt qu’à l’activité, bien au delà de l’écriture, et de ce que le fait d’être auto-édité implique en terme de charge de travail – immense – en dehors de l’acte de création et dont je n’avais aucune idée au départ…
Si de nombreux éditeurs francophones ne m’ont encore jamais répondu après un an d’attente (je conserve pourtant le torchon rempli de fautes d’une maison de premier ordre), j’ai choisi de dire non à un petit éditeur pour la version allemande, mais je ne suis pas encore certain d’avoir fait le bon choix. Certes, j’éprouve énormément de plaisir pour certains des efforts nécessaires pour, par exemple, la promotion autour du livre et en particulier la dimension numérique de celle-ci, étant moi-même un spécialiste en marketing en ligne, et je sais par ailleurs que peu sont les éditeurs qui à la fois publient et prennent en charge la communication autour de la parution, mais il n’en reste pas moins que l’auteur travaillant en auto-édition se sent parfois sans doute comme le Sisyphe du mythe…
«Sortir» soi-même un livre et un travail de forçat.
Si la rédaction reste bien évidemment au cœur de l’ensemble…
J’ai du aussi me transformer tour à tour en relecteur, correcteur, typographe, programmeur, spécialiste en référencement, graphiste, chef d’équipe, responsable marketing, stratégique d’abord (comment et où vendre ce livre), ensuite tactiquement pour superviser la création d’une couverture auprès de 3 partenaires, mais aussi pour promouvoir le livre sur les réseaux sociaux pour la version numérique… Et énormément reste encore à faire. Les informations ne manquent pas. Elles sont presque toujours gratuites, mais telle la pierre du fils d’Éole, tout est retombé de nombreuses fois avant que les versions ne sortent, et pas même finales pour la française… Tout un ensemble de chose doit coexister au moment du lancement… Les versions, mais aussi un site, et je pense un écosystème numérique si on choisit de ne s’appuyer que sur Amazon pour la distribution, société qui ne fait aucune promotion de manière proactive.
«Sortir» soi-même un livre peut rapidement devenir (très) couteux si l’on veut «bien faire les choses».
Les quatre versions m’auront couté au final pas loin de 20’000 francs suisses…
Oui, oui, vous avez bien lu, quelque 16’500 euros. Entre les frais d’achat de logiciels, ceux d’avocats (ce premier roman dans la série se passe dans une Suisse alternative et j’ai tenu à connaitre ma position à ce sujet-là) et bien sûr ceux de traduction, que j’ai choisi de financer moi-même. J’ai énormément appris à ce sujet-là et je suis conscient de sans doute ne pouvoir jamais amortir l’investissement, mais c’était nécessaire et le budget était prévu.
Conclusions sur l’ auto-édition (sûrement hâtives – mais rendez-vous début 2016 pour une nouvelle analyse)!
Au final, une (petite) déception. Quelques ventes tous les mois, oui, des commentaires (parfois très) positifs, mais surtout au format livre de poche (et surtout en allemand) qui, chez Amazon (via Createspace), ne rapporte rien.
– Si le phénomène de désintermédiation dans l’industrie du livre est bien réel avec l’apparition de léviathans style Amazon, peu de choses ont changé sur le Vieux Continent. Le livre numérique de décolle pas vraiment en Europe – hors Angleterre – (et absolument pas pour l’instant dans les pays de langue française), et le marché des liseuses ne progresse pas non plus (voire cet article sur ActuaLitté). Bien sûr, tout est affaire d’interprétation, mais je constate que mes lecteurs préfèrent les «vrais livres», à moins que je ne «solde» mes eBooks avec 840 téléchargements en trois jours de promotion gratuite juste après Noël (et encore, aucune note supplémentaire en ligne jusqu’à présent). En d’autres mots, et puisque cet article est en français, mais en exagérant (un peu) à dessein, la France et surtout la Suisse ont 100 ans de retard 😉 . Pas de surprise jusque-là en fait… Dans la Confédération, l’appareil en place, les institutions existantes ne souhaitent pas aider les «auto-édités».
– Par ailleurs, et c’est mon interprétation, pas grand chose ne change chez les grands éditeurs qui surtout se soucient de conserver leurs profits, en n’investissant avant tout que dans leurs auteurs à succès, et ne prennent que très peu de risques avec de nouveaux auteurs, surtout quant leurs histoires sortent des sentiers battus. Rien de plus normal, ce sont là des sociétés, dont le but principal est de générer un profit, d’autant plus quand elles sont aux mains d’actionnaires et que la menace des nouveaux arrivants (numériques surtout) sur le marché est tangible.
Leçons concernant l’ auto-édition…
– Le corollaire est triple en termes d’auto-édition: d’abord, il est important de comprendre la notion de volume, surtout eu égard à l’investissement. Si un auteur de langue non-anglaise souhaite sortir une version étrangère, l’anglais est absolument la langue à choisir en priorité, tout simplement en regard de la taille du marché potentiel. Cheesestorm est sortit en français et allemand, et Cheesestorm 2 sera aussi lancé dans ces deux langues d’abord. Je ne suis pas sûr de ne pas commencer par l’anglais pour Cheesestorm 3 et je vais chercher à faire sortir Cheesestorm 1 en anglais en 2015. Je reviendrai sur l’aspect financement dans un prochain article car là aussi il y a du nouveau sur le marché…
– On l’a vu, l’eBook n’est pas encore véritablement apprécié sur le Continent. Par ailleurs, Createspace est certes un outil formidable pour sortir une version papier, mais ne rapporte presque rien, mais Amazon détient près de deux tiers du marché des livres numériques. La leçon pour l’auteur européen (hors Angleterre) est de ne pas se cantonner à un seul revendeur, mais de maximiser la disponibilité de ses titres. Y compris vendre sur son site (et encore un prochain article sur le «eCommerce»!).
– Je commence peu à peu à comprendre le pouvoir du numérique. J’ai la chance d’être étudiant chez Google, qui a sa propre école dans certains pays et je vais de découvertes en découvertes à ce sujet, malgré plusieurs années d’expérience dans le domaine. Il est impératif de disposer d’un écosystème numérique parfaitement au point pour l’auteur auto-édité. Mon site est certes agréable à l’œil m’a-t-on dit parfois, mais n’est pas idéal pour «faire vendre» mes livres. Je ne manquerai pas de changer le site en 2015, de manière à le rendre complètement compatible avec Google Analytics en terme de taxonomie, objectifs, mesure et améliorations subséquentes possibles. Mon usage des réseaux sociaux aussi… Bref, encore un article à venir 🙂 !
Dans l’attente, je vous souhaite à tous une excellente année 2015! Et puis au regard des récents événements en France avec Charlie Hebdo, beaucoup d’amour et de joie, ce monde en a tellement besoin…